L’AFFAIRE MERAH ET LA PRÉSIDENTIELLE : LES EFFETS ÉLECTORAUX PRÉVISIONNELS DU « 11-SEPTEMBRE FRANÇAIS »
Il y a peu, Sarkozy a assimilé les attentats de Toulouse et Montauban à un « 11-Septembre français ». On se souvient que le 11-Septembre avait amplement favorisé la réélection de George W. Bush. Or, on observe un phénomène du même type dans l’évolution de la situation de Sarkozy par rapport à l’élection présidentielle, depuis que les organismes de sondage ont pu intégrer l’ « effet Merah » à leurs enquêtes. Prenons l’exemple des enquêtes IPSOS. Interrogé le 5 avril, le site ipsos.fr donne, en pourcentages, pour le premier tour, les intentions de vote suivantes les 17 et 31 mars, soit avant les derniers attentats de Toulouse, d’une part, et, d’autre part, quelques jours après la mort de Merah :
Premier tour |
Sondage du 17 mars 2012 |
Sondage du 31 mars 2012 |
31 - 17 mars |
François Hollande Nicolas Sarkozy Marine Le Pen François Bayrou Jean-Luc Mélenchon Eva Joly Nicolas Dupont-Aignan Nathalie Arthaud Philippe Poutou Jacques Cheminade |
28,5 % 27,5 % 15,0 % 13,0 % 11,5 % 2,0 %
1,5 % 0,5 % 0,5 % 0,0 % |
27,5 % 29,5 % 14,0 % 10,0 % 14,5 % 2,0 %
1,0 % 1,0 % 0,5 % 0,0 % |
- 1,0 point + 2,0 points - 1,0 point - 3,0 points + 3,0 points -
-0,5 point + 0,5 point - - |
Total |
100,0 % |
100,0% |
- |
Si l’on met à part le cas très particulier de Mélenchon, dont les progrès ne sont pas liés à un quelconque « effet Merah », mais résultent plutôt d’une excellente campagne dont pâtit en particulier le très tiède Hollande, le grand gagnant de l’après-11 Septembre français est bel et bien Sarkozy (et sa posture d’ « homme d’Etat responsable »), qui progresse de + 2 points (ou, pour dire les choses avec peut-être plus d’exactitude mathématique, de + 2 % du total général des suffrages retenus par les sondages), vraisemblablement au détriment de François Bayrou et de Marine Le Pen.
Mais, ce qui concerne le second tour n’est pas moins intéressant, en particulier si l’on examine l’évolution prévisionnelle du report des voix du FN. Pour ce second tour, en effet, ipsos.fr donne, toujours aux 17 et 31 mars, les indications suivantes :
Second tour |
Sondage du 17 mars 2012 |
Sondage du 31 mars 2012 |
31 - 17 mars |
François Hollande Nicolas Sarkozy |
56,0 % 44,0 % |
55,0 % 45,0 % |
- 1,0 point +1,0 point |
Total |
100,0 % |
100,0 % |
- |
Report de voix FN sur Sarkozy |
43,0 % |
49,0 % |
+ 6,0 points |
S’il existe encore un écart de 10 points en faveur de Hollande, il reste que le transfert de voix FN vers Sarkozy s’est, quant à lui, amélioré de 6 points. En ne posant pas les bonnes questions à propos de l’affaire Merah (cf. notre commentaire du 2 avril) et en se cantonnant dans une attitude anti-islamiste, Marine Le Pen court derrière Sarkozy (comme son père en 2007) et oriente mécaniquement son électorat vers une augmentation des reports de voix au second tour en faveur de Sarkozy, qui a profité de l’affaire Merah pour se donner une stature de président défenseur des Français contre le terrorisme. Elle sert donc objectivement la stratégie présidentielle : aussi ne s’étonnera-t-on pas que la cinq centième signature ayant permis à Marine Le Pen d’être candidate ait été, comme le signalait Saïd Mahrane, le 14 mars, dans Le Point.fr, celle fournie par Sylvain Semhoun, député sarkozyste, élu des Français de l’étranger à Jérusalem.
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